Faculte europeenne de sophrologie

Sophrologie analytique

Freud a ouvert la conscience par le bas (instinct-pulsion) dans une démarche exclusive des autres pulsions, c'est-à-dire il n'y a que la pulsion sexuelle.

L'existentialisme et la phénoménologie ouvrent la conscience par le haut (la Conscience et la transcendance) dans une démarche qui se voulait intégrative.

La sophrologie ouvre la conscience par le bas (le corps) et le haut (la conscience) mais aussi par et pour le milieu (bioénergie).

Nous comprenons les existentialistes et les phénoménologues chez lesquels le devenir de l'homme ne peut se réduire à la réalisation de la seule pulsion sexuelle.

Nous comprenons aussi les psychanalystes freudiens chez lesquels l'homme ne peut pas ne pas être le jeu de son instinct. Il n'est nullement question de transcendance et s'il y a transcendance, il y a « névrose collective ». Et pourtant Jacques Lacan, s'inspirant de Hegel, a réussi à introduire cette transcendance par le grand A inaccessible par la forclusion. Cette transcendance se retrouve aussi dans l'archétype cosmique ou le Soi de Jung qui rejoint, à bien des égards, la vocation de l'Etre ou l'Etre potentiel appelé à Devenir chez Husserl, Heidegger et Binswanger.

Une conception du devenir de l'homme basée sur l'instinct ne doit pas écraser la conscience et la conscience ne peut écraser l'instinct. L'être humain est une totalité : phénomène, essence et conscience ou corps, esprit et transcendance. C'est le « schéma de significations » d'ensemble de l'Homme.

La sophroanalyse est une invitation à prendre conscience de ce qu'il y a en nous, de ce qui a toujours été en nous, de ce que nous sommes, le champ sophronique étant la voie royale d'accès à la totalité de la Conscience. Prendre conscience d'abord, c'est éclairer et élaborer ensuite. C'est aussi développer et déployer son potentiel de significations, c'est répondre à sa vocation d'Etre dans le monde.

« La prise de conscience est dans sa définition théorique, selon Roger Mucchielli (en 1967), la reconnaissance par le sujet lui-même des formes à priori qui structurent les significations de son univers et de sa conduite. C'est la perception du sens de ce qu'il dit ou de ce qu'il fait, au niveau des catégories constantes ». « La prise de conscience est aussi l'Suvre de la réflexion et c'est parce [l'analyste] tient le rôle de la conscience réfléchie de son patient qu'il permet (et aide à la prise de conscience). La réflexion est ce retour de la conscience sur elle-même, ce qui permet la vision (insight) des intentions, des attitudes latentes, de l'autre sens des conduites. En découvrant l'autre sens, jusque là non conscient, le Moi découvre la mystification dont la conscience était prisonnière. Dans ce processus de démystification, on y voit le passage d'une certitude illusoire à une réalité reconnue, ce qui métamorphose de fond en comble la signification des éléments disponibles dont se dégageait la certitude antérieure. C'est la configuration ou la structure de sens du contenu disponible qui se trouve radicalement différente. Il s'agit bien d'une nouvelle perception des mêmes faits.

Un non conscient ou un inconscient vécu, mais absolument méconnu par la conscience personnelle, se trouve, après la prise de conscience, reconnu, compris et accepté comme [faisant partie de] la réalité actuelle du sujet ».

De façon schématique, la sophroanalyse permet à l'analysant, dans un premier temps, de prendre conscience de ses « signifiants-signifiés » vécus individuellement (expérientiels). Dans un deuxième temps, l'analysant va prendre conscience des signifiés non encore vécus individuellement, ceux-ci sont matriciels, archétypaux. Et dans un troisième temps, il va intégrer les premiers à la lumière des seconds pour faire unité. Au fur et à mesure de cette intégration, le sophroanalysant va pouvoir accéder, en principe, à la transcendance.

Le développement de la vocation de l'Etre ou le déploiement de l'Etre potentiel se fait essentiellement par ce cheminement des signifiants-signifiés expérientiels vers les signifiants-signifiés matriciels.

Le sophranalyste est le médiateur dans ce développement, son rôle est d'accompagner l'analysant dans sa réalisation de l'Etre en Devenir vers la transcendance. C'est une des finalités principales de la sophroanalyse.

La sophroanalyse ne peut être utilisée que par des thérapeutes rompus à l'analyse et à la psychologie des profondeurs. Comme son nom l'indique, la méthode consiste à effectuer un cursus analytique, thérapeutique ou didactique, en bénéficiant de l'état sophronique. S'éloignant de la stricte position de neutralité bienveillante et tout particulièrement de l'école freudienne et lacanienne, le hérapeute se permettra d'insérer une méthode de sophronisation dans le courant de la cure.

La sophroanalyse nécessite une formation spécialisée de l'analyste, il doit parfaitement connaître ses disponibilités et ses responsabilités. L'interprétation des symboles peut paraître discutable. Car ce qui semble inapplicable par exemple à un analyste freudien pourra apparaître souhaitable à un analyste de l'école jungienne ou lacanienne, phénoméno-structurale ou existentielle. Il est prudent de préciser, ici, comme le dit le Dr Bernard Auriol, psychiatre-psychanalyste : « sera compétent, celui qui aura vécu une thérapie personnelle suffisamment prolongée et profonde (de type analytique orthodoxe ou non), une expérience de relaxation suffisamment profonde et prolongée (par le T.A. ou une autre technique) et une expérience de l'imagerie mentale personnelle approfondie.
Ces conditions sont nécessaires pour la pratique de la sophranalyse.

La sophrologie analytique fait partie de l'enseignement des sophrologues (module 4-sophrologue) et sa pratique nécessite un cursus de formation complémentaire spécifique (le diplôme d'enseignement spécialisé en sophrologie analytique).